D’arts classiques en art horloger

Lauréate du Prix de l’Innovation au dernier Grand Prix d’Horlogerie de Genève, l’architecturale Deep Space Tourbillon est sortie de l’imagination du créateur indépendant Vianney Halter. Représentation philosophique d’un instrument à emporter dans le cosmos, la montre restitue les quatre dimensions de référence sur Terre — longueur, hauteur, profondeur et temps — dont l’homme perd graduellement la perception en s’aventurant dans l’espace. La construction spectaculaire comprend un tourbillon central qui tourne sur trois axes : celui de la cage, celui d’une structure ultra légère qui lui est perpendiculaire et celui d’un berceau particulièrement novateur auquel le tout est suspendu. Chacun adopte son propre rythme pour produire une ronde sans fin sous un dôme en saphir. Des aiguilles latérales incurvées figurent la quatrième dimension, la temporelle, et parachèvent une œuvre d’art horloger rendue aussi transparente que possible.

 

Chez Cartier, la collection Cartier d’art explore toutes les formes d’art possibles pour créer des scènes thématiques particulièrement expressives. Au cœur d’une montre sculpturale, cinq panthères miniaturisées sortent de la savane pour admirer un mouvement mécanique à tourbillon volant. Chaque figurine adopte sa propre attitude dans un manège impressionnant de réalisme. Les éléments du décor sont sculptés au microscope dans de l’or blanc avant d’être fixés sur une plaque d’onyx. Un minutieux travail d’orfèvrerie qui fait merveille.

 

Chez Chanel, la collection Mademoiselle Privé met en exergue les décors chers à la créatrice de la Maison. Sa fleur préférée trouve une interprétation très picturale sur le cadran de la montre qui vient de remporter le Prix Métiers d’art au Grand Prix d’Horlogerie de Genève. Le camélia est réalisé avec des fils de soie de différentes couleurs par le célèbre brodeur parisien François Lesage. C’est la première fois que sa technique complètement artisanale, dite de « peinture à l’aiguille », trouve une utilisation en horlogerie. L’association est des plus naturelles de la part d’une marque comme Chanel.

 

La musicale ne l’est pas seulement à l’oreille, elle apparaît comme telle au premier regard. Sur le cadran, le mécanisme à 10 lames et plateau à picots tournant rappelle sans équivoque celui d’une boîte à musique classique. Fruit d’une collaboration entre l’horloger Ulysse Nardin et l’artiste Dieter Meier, connu essentiellement en tant que leader du groupe Yello, cette montre pleine de surprises fait retentir, à chaque heure ou à la demande, la célèbre mélodie de « Strangers in the Night ». Techniquement sophistiquée et néanmoins facile à utiliser, elle constitue une première que la marque entend décliner en différentes séries limitées.

 

Monsieur Harry Winston exprima son rêve ultime en déclarant de manière poétique : « Si je le pouvais, je placerais les diamants à même la peau des femmes ». Aujourd’hui, les designers de la maison rivalisent de créativité pour donner sens à la citation emblématique. En témoignent des montres de haute joaillerie qui se font extrêmement aériennes grâce à des structures minimalistes, à l’instar de la « Mrs. Winston High Jewelry Timepiece ». Sur le boîtier et le cadran effilés en forme de marquise, les diamants baguettes ou brillants adoptent des dimensions différentes pour recouvrir au mieux les surfaces. Sur le bracelet bordé de baguettes, les poires, marquises et brillants sont tenus par des griffes montées sur de fines barrettes transversales. Au poignet, les pierres espacées semblent flotter au-dessus de la peau avec toute la poésie souhaitée.

 

Dans la Masterpiece Seconde Mystérieuse de Maurice Lacroix, on découvre une étrange danseuse : l’aiguille des secondes évolue sur sa piste comme aucune autre auparavant. Si, comme d’autres aiguilles mystérieuses, elle repose sur un disque mobile transparent, elle ne tourne pas en son centre et elle ne décrit pas une course circulaire classique. Placée sur un axe décentré, elle tourne sur elle-même tout en se déplaçant au rythme de son support. Ainsi, elle s’aligne à la verticale et à l’horizontale, en alternant toutes les 15 secondes, et elle passe par les obliques pour basculer d’un quartier à l’autre. La chorégraphie inédite exerce sa magie au sein d’une création résolument contemporaine partiellement ajourée.

 


Journaliste experte en horlogerie, Marie présente des nouveautés et s’occupe de la rubrique 12e Art (l’art de la mesure du temps), qui établit un parallèle avec les arts classiques.

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