Pour quelques millions de plus

Adjugées sous le marteau d’Aurel Bacs les 7 et 8 novembre 2015 à Genève, les quelques 200 montres de ce grand rendez-vous de collectionneurs ont un point en commun : la qualité. Cette fois par contre, la diversité l’accompagne car Patek Philippe et Rolex se partagent la vedette avec Audemars Piguet, Vacheron Constantin ou encore Richard Mille, mais également un duo inattendu composé d’Eberhard et de Longines, pour n’en citer que quelques unes.

 

Patek et Rolex

Parmi les lots phares qui devraient faire des étincelles figure en bonne place la Patek Philippe référence 605 en or jaune, une montre de poche à heures universelles avec cadran en émail représentant un décor de fable. Cette commande spéciale réalisée pour un client américain se distingue par son animal marin aux allures de dragon s’ébrouant sur l’emplacement normalement réservé aux différents continents du monde, entouré d’étoiles serties rarissimes chez Patek. Estimée entre un demi-million et un million de francs, cette pièce unique n’était plus apparue sur le marché depuis sa dernière vente publique en 1990. Avec une estimation similaire (CHF 400’000.- à 800’000.-), la référence 2497 en or rose provient anciennement de la famille Knoll, qui s’est bâti une jolie réputation dans le mobilier contemporain. Il s’agit du premier quantième perpétuel avec seconde au centre, dont seulement 6 exemplaires sont connus en or rose avec ce boitier important fabriqué par Vichet, celui-ci apparaissant dans un état exceptionnel. Sans doute la star de la vente avec une estimation allant du million et demi à trois millions de francs, la référence 1436 au mécanisme mythique est le plus connu des chronographes à rattrapante de Patek. Les collectionneurs estiment que seuls deux modèles ont été conçus, emboités et vendus en version acier dans les années 1940, dont ce lot toujours en parfait état.

 

 

Les amateurs de Rolex rares qui jouent dans la cour des grands devraient être séduits par la référence 3525 des années 1940, dont l’état de conservation incroyable et belle patine grise et bleue apportée par l’oxydation (disparaissant au nettoyage) prouve qu’elle n’a quasiment jamais été portée ni polie. Affichant par ailleurs un généreux diamètre pour l’époque, son estimation se situe entre CHF 200’000.- et 400’000.-. Estimée cette fois entre CHF 500’000.- et un million, la référence 6062 en or rose reste l’un des deux modèles réalisés dans les années 1950 en petite quantité dans les autres métaux avec triple calendrier et phases de lune. Décliné en deux configurations de cadran (avec chiffres arabes et losange, ou avec heures en forme d’étoile comme ici), ce modèle surnommé Stelline avait été vendu en 2004 par la fille du propriétaire d’origine à un prix record (CHF 460’000.-, soit le double de son estimation). La barre du million sera-t-elle à nouveau franchie pour cette Rolex ? Beaucoup plus moderne et ostentatoire, la toute première Rainbow en or jaune vendue aux enchères voit son estimation entre 90’000 et 140’000.-. Une belle sélection de modèles sportifs complète l’offre en Rolex, dont une Panda et une Paul Newman en acier portant l’inscription Tiffany.

 

 

What else ?

Les nouveaux donneurs de tendance sur le marché des enchères horlogères ont également rassemblé auprès de divers propriétaires la plus importante sélection de chronographes vintage Vacheron Constantin depuis le 250e anniversaire en 2005 de la plus ancienne manufacture sans interruption d’activité. La dizaine de chronos des années 1920 à 1950 représente autant de références, tous métaux confondus, et s’adjuge selon les estimations entre 25’000 et 140’000.-. Particulièrement rare, la référence 6026 est l’un des six modèles produits en or rose. Quant à la référence 6087 estimée entre 50’000.- et le double, 28 pièces sont sorties des ateliers Vacheron Constantin et son surnom « Cornes de vache » a directement influencé le modèle Historique Cornes de Vaches 1955 en platine, ref. 5000 H qui vient d’être présenté 50-100K estimation.

 

 

La Vallée de Joux est bien représentée avec une jolie sélection d’Audemars Piguet, dont l’un des lots le plus important prend la forme d’un chronographe en acier et or rose aussi rare que large des années 1940, estimé entre 100’000 et 150’000.-. Les fans de performance attendent sans doute de pied ferme la Richard Mille « Nadal », le tourbillon le plus léger du monde (moins de 20 grammes, bracelet compris !) doit aussi sa réputation à sa résistance aux coups de massue assénés par Raphaël Nadal, le portant durant ses matchs de tennis. Cette RM027 portant le numéro 31/50 est estimée entre 400’000 et 600’000.-. Plus accessible et en même temps tout aussi attirant pour les passionnés d’histoire et d’aviation, ce tandem de montres ayant appartenu à l’aviateur Publio Magini, célèbre pour avoir effectué le premier vol Rome-Tokyo-Rome en 1942 : une Longines Lindbergh vendue avec un chronographe à rattrapante Eberhard, estimée entre 60’000 et 120’000.-.


Rédacteur en chef des magazines GMT et Skippers dont il est le cofondateur depuis 2000 et 2001, Brice Lechevalier est aussi à la tête de WorldTempus depuis son intégration dans la société GMT Publishing, qu’il dirige en tant que co-actionnaire. Il a par ailleurs créé le Geneva Watch Tour en 2012 et conseille le Grand Prix d’Horlogerie de Genève depuis 2011. Côté nautisme, il édite aussi le magazine de la Société Nautique de Genève depuis 2003, tout en étant membre fondateur des SUI Sailing Awards (les prix officiels de la voile suisse) depuis 2009 et du Concours d’Elégance de bateaux à moteur du Cannes Yachting Festival depuis 2015.

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