Vous aviez débuté l’année 2015 avec l’Amadeo Braveheart®, que signifie ce garde-temps pour vous ?
Le Braveheart® est un aboutissement significatif dans l’histoire récente de BOVET. Lorsque j’ai repris la manufacture DIMIER à Tramelan en juin 2006, elle industrialisait des tourbillons. Nous avions alors constaté que la qualité des millions de francs de composants ne nous permettait pas de les utiliser, mais que la passion des 72 artisans qui y travaillaient, encore aujourd’hui pour 80% d’entre eux, était intacte. Eux aussi nourrissaient l’envie de revenir à la quintessence de la belle horlogerie. Nous avons donc consacré 2007 à reconstruire les plans à partir de zéro et à créer notre propre mouvement, le premier 8 jours mécanique. Or il faut se trouver des points d’appui dans la vie, et comme je ne voyage jamais plus de trois semaines et que la date de naissance de BOVET est 1822, je me suis lancé le défi d’obtenir sur cette base une réserve de marche de 22 jours, pour avoir la joie en rentrant à la maison de voir toujours vibrer le cœur de l’Amadeo Braveheart®. Cet aboutissement correspond à la fois à la consécration d’une manufacture parfaitement verticalisée et à l’un des deux rêves de collectionneur que j’avais en reprenant BOVET en 2001. Le deuxième prend le visage de notre collection 19Thirty.
Vous réalisez là le grand écart en termes d’accessibilité…
En effet le Braveheart® dépasse le million de francs suisses en version sertie et la 19Thirty s’offre pour seize mille francs, ce qui est aussi un exploit pour un garde-temps avec cadran laqué parfaitement cerclé, des terminaisons à l’instar de nos tourbillons, un fond ouvert vissé sur un mouvement15 3/4 qui en digne représentant de la Haute Horlogerie de tradition occupe l’entière surface du boitier de 42mm, une réserve de marche de sept jours, un cabochon non pas synthétique mais en saphir, le tout avec une ergonomie parfaite et une finesse au porter exemplaire. C’est ce que nous avons entrepris il y a deux ans, forts d’avoir mis en place une manufacture performante, en créant ce nouveau mouvement avec un seul barillet pour cette réserve de marche extraordinaire, le tout en respectant les codes patrimoniaux de la maison : cadran heure-minute, petite seconde à 18h. Et comme il nous avait fallu huit mois pour obtenir le bleu magique du cadran Braveheart®, nous l’avons appliqué au 19Thirty, disponible aussi en blanc et en noir. Nous enrichirons la collection avec des complications moyennes, puis avec un chronographe à rattrapante et grande date. Ce développement reste beaucoup plus compliqué que celui d’un tourbillon. Ce sera sans doute pour fin 2018.
L’an prochain marque les 15 ans de votre reprise de BOVET, comment se profile 2016 ?
Deux créations majeures verront le jour, opposées et complémentaires, notamment un Bover-Dimier-Pininfarina avec une réserve de marche autrement respectable, une architecture Otantta et une ergonomie magnifique (moins de 9 mm hors glaces) en seulement 86 exemplaires. Dans la collection DIMIER nous travaillons depuis quatre ans sur un concept de fonctionnalité connue mais présentée de manière inédite, conviviale, facile à régler, avec deux innovations et une chronométrie exceptionnelle. De plus, nous allons relancer BOVET en Chine, maintenant que nous disposons du livre « Bovet & China » édité l’été passé et qui est un formidable outil didactique à l’échelle du territoire. Au regard de notre patrimoine, beaucoup de personnes pensent que nous y sommes très bien implantés.L’Asie-Pacifique représente 20% de nos ventes ce qui nous ouvre de belles perspectives.En terme de célébration la prochaine étape majeure sera le bicentenaire de BOVET, pour lequel j’ai une idée très précise…
Quelle est la réalisation la plus significative de vos 15 ans à la tête de BOVET ?
L’équipe, sans aucun doute. On peut acheter des immeubles, mais pas un sourire sincère ni un regard pétillant d’authenticité. En décembre 2001 BOVET était composée de 4 personnes, de 43 en décembre 2004 et maintenant 143 dont je connais tous les prénoms et presque ceux de leurs enfants. Ils évoquent leur quotidien et les valeurs de la maison avec affection, la même philosophie règne sur les quatre sites, c’est notre vrai patrimoine.
Que vous a apporté votre participation à la première Dubaï Watch Week ?
J’en étais très enthousiaste avant même le premier jour, déjà au moment de recevoir l’invitation : j’aime beaucoup le logo, il est toujours très difficile de faire simple et beau, et la date à laquelle elle s’est déroulée, du 18 au 22 octobre, était un beau clin d’œil non voulu à BOVET (née en 1822). Cette initiative est tout à fait légitime dans cette région du monde qui compte parmi les plus importantes en termes de collectionneurs. La Famille Seddiqi* dont nous partageons les mêmes valeurs exceptionnelles représente pour moi la référence à tous points de vue. Parler d’horlogerie avec M. Seddiqi est un vrai bonheur, et son idée de décliner le 19Thirty avec les chiffres en hindi correspond tout à la fait à l’âme de BOVET, qui conçoit des garde-temps pour répondre au plus près au souhait des collectionneurs. Enfin, la dimension humaine imprégnée à la Dubaï Watch Week compte beaucoup pour nous.
Si le SIHH vous ouvrait les portes, le rejoindriez- vous ?
Dans le cas où le SIHH nous proposait d’y exposer dans de bonnes conditions, alors nous y retournerions avec plaisir. Notre maison est mûre, les équipes unies et la manufacture solide. BOVET est présent dans près de 40 pays, les collections sont appréciées, notamment par les dames tant nous avons comblé ce qui fut une faiblesse avec 40% de nos ventes actuelles. Cette première étape de 15 ans est telle que je la souhaitais en 2001. A présent s’ouvre la suivante.
*lire les articles consacrés à la DWW et l’interview de Hind Seddiqi sur worldtempus.com