Haute Joaillerie : Biennale des Antiquaires Vitalité de la Haute Joaillerie
Inspiration couture
Dans l’enceinte du Grand Palais mise en scène par le couturier Karl Lagerfeld, Piaget dévoilait sa collection « Couture Précieuse », 70 pièces tissées tout en souplesse pour habiller le corps de la femme. Les créations graphiques et aériennes mettent à l’honneur le diamant dans des constructions parfois rehaussées de pierres de couleur, essentiellement rouges, roses ou noires. Corsets, guêpières, dentelles, guipures, broderies ou maille sont autant de sources d’inspiration empruntées à l’univers de la couture. Une parure des plus somptueuses arbore des motifs floraux sur des structures savamment articulées et ajourées autour de pierres de taille rose ou Asscher. Certains bijoux invitent au défilé des éventails, des galons brandebourg ou des pompons. La collection compte quelques montres parmi lesquelles des manchettes particulièrement chères à Piaget. L’inspiration couture se retrouve chez Dior où les bijoux aujourd’hui précieux rappellent les modèles fantaisie qui agrémentaient les robes de Christian Dior dans les années 1950, prenant les noms de « Dentelle », « Broderie », « Guipure », « Organza », « Résille » ou « Tulle », alors que les montres « Dior VIII Grand Bal » se déclinent en versions « Plissées ». Quant à Gabrielle Chanel, elle présenta sa première et unique collection de Haute Joaillerie sous l’appellation « Bijoux de Diamants » en 1932. 80 ans plus tard, 80 pièces inédites reprennent des motifs emblématiques de l’univers de la créatrice : étoiles, soleil, franges, rubans et plumes. Sur le thème phare de l’étoile filante, la maison Chanel propose des colliers sans fermoir, dont une réinterprétation du collier « Comète » d’origine, et un bijou de tête coulant sur la chevelure. Les créateurs ont ajouté un nouveau symbole, le lion, signe astrologique de Mademoiselle Chanel qui apparaît, taillé dans du quartz rutile, sur un sautoir ou, composé de diamants jaunes et blancs, sur une broche.
Légende (gauche): Harry Winston
Légende (droite): Piaget
Entre ciel et terre
Voyageant du ciel à la terre, Van Cleef & Arpels a créé une collection peuplée de porte-bonheur baptisée « Palais de la chance ». Aux prouesses typiquement joaillières s’ajoutent la magie de la métamorphose via des pièces transformables, des éléments amovibles ou des scènes animées. Trois lignes reçoivent les honneurs du Palais à commencer par « La bonne étoile » et ses constellations étincelantes telle la Grande Ourse qui a inspiré le collier « Sept Etoiles » agrémenté de saphirs exceptionnels du Cachemire. Parallèlement, « La nature porte-bonheur » réunit des symboles empruntés à la faune ou à la flore et « Les légendes de la chance » explorent les cultures du monde. Harry Winston, qui a coutume de s’inspirer de la beauté de la nature, dédie une collection à un élément particulièrement précieux, l’eau. Elle apparaît sous de multiples formes, rivières fluides, cascades majestueuses, brumes océaniques ou cristaux de glace par exemple. Pour rendre le prisme des couleurs, les diamants se conjuguent aux pierres bleues ou vertes comme les saphirs, aigues-marines, turquoises, tourmalines de Paraïba et émeraudes. Un merveilleux diamant poire de 60,14 carats termine un collier qui dessine des vagues quand treize gouttes de saphir totalisant 146,71 carats s’accrochent à un autre qui tombe en cascade. Quant à la maison Cartier, elle nous invite au « Dépaysement » à travers quatre paysages somptueux. Le « Paysage solaire » est minéral, évoquant la terre ou le sable avec de la végétation et des créatures animales stylisées. Le « Paysage luxuriant » est un jardin haut en couleurs où toutes sortes de pierres sont convoquées. Le bestiaire, essentiellement figuratif, y est largement représenté. Le « Paysage boréal » joue des dégradés de couleurs froides et des contrastes opaque-transparent ou mat-brillant alors que le « Paysage urbain » se révèle résolument moderne avec ses formes épurées et ses lignes tendues, parfois animées d’illusions d’optique.
Patrimoine joaillier
Bulgari a revisité des sources d’inspiration indissociables de son nom. Les serpents, au nombre des symboles depuis les années 1940, se renouvellent avec, pour la première fois, un collier serti d’émeraudes. Elisabeth Taylor, autrefois cliente, demeure la muse d’une collection de pièces généralement importantes et la Méditerranée prête son nom à un nouveau déferlement de couleurs. Le patrimoine de Boucheron a servi de fil conducteur à Claire Choisne, récemment nommée directrice des Créations, pour la conception de « L’Artisan du Rêve », sa première collection articulée autour de symboles historiques forts, et, chez Chaumet, l’esprit du 12, place Vendôme a présidé à la création de douze parures empreintes du style inimitable de la maison fondée à cette adresse.
Légendes:
Visuel d’ouverture et ci-dessus: Chanel