Un hommage mérité si l’on considère les efforts consentis pour réorganiser la Manufacture et porter les mouvements tourbillon désormais signés Dimier au sommet de la haute horlogerie artisanale. Dernière née de la collection, la Récital 0 est comme son nom ne l’indique pas la huitième réalisation, et incarne les valeurs fondamentales du tourbillon.
L’habillage :
D’emblée, ce ne sont pas moins de huit références de ce nouveau modèle qui sont proposées. La Récital 0 se décline ainsi en 41 et 45mm de diamètre, en or rouge ou en or gris et pour chacune des versions avec l’option d’une somptueuse lunette sertie de diamants baguette. Le modèle mis à ma disposition pour ce banc d’essai était la variante de 45mm de diamètre, en or rouge avec lunette sertie. Pour une Bovet, le boîtier semble de prime abord classique par l’usage des quatre cornes qui fixent le bracelet et le positionnement de la couronne à 3h. En y regardant de plus près, l’habillage a beaucoup plus d’importance qu’il n’y parait dans la réussite de ce garde-temps. L’épaisseur des cornes étagées et le profil de la bande de carrure confèrent à l’ensemble un style contemporain idéalement proportionné. C’est néanmoins le diamètre intérieur de la carrure qui comporte les astuces les plus ingénieuses. L’absence de cadran permet d’en apprécier toute la subtilité. Le mouvement semble léviter au centre de la boîte. Sept plots usinés dans la carrure et disposés entre 9h et 3h font office d’index mais le mouvement se fixe aux deux seuls plots de l’axe horizontal. La complexité de l’usinage de la boîte s’illustre également par le soulignement de la cage du tourbillon à 6h. Les embouts du bracelet en alligator permettent une intégration esthétique au boîtier, tout en optimisant le confort au porté quelle que soit la taille de poignet du porteur.
Le mouvement :
Que de chemin parcouru en cinq ans à peine ! Les tourbillons de la manufacture Dimier ont évolué d’une manière fulgurante tant sur les critères techniques que par leur esthétique. Le calibre DM 1501 qui anime la Récital 0 en est l’un des plus illustres exemples. Sa construction s’articule autour d’une architecture moderne ajourée. L’aspect des ponts et de la platine microbillés et anglés-polis est ahurissant et valorise les volumes des composants avec une efficacité déconcertante. Les aciers polis miroirs et les différents mobiles apparaissent distinctement dans un contraste des plus raffinés. A l’instar des autres mouvements de la manufacture, ce calibre puise son énergie de deux barillets garants d’un développement de force constant tout au long de ses sept jours (!) d’autonomie. Mais l’avancée la plus remarquable se trouve au cœur même du sujet : la cage de tourbillon. Celle-ci a été allégée à l’extrême et son diamètre affiche 14mm, ce qui correspond quasiment à la moitié du diamètre total du mouvement ! De plus, il s’agit probablement du seul tourbillon sur le marché actuel à être doté d’une roue fixe « négative » (excepté toutes les autres références de la Manufacture Dimier). De ce fait, aucun mobile du rouage de finition ne vient se superposer à la surface de la cage de tourbillon. L’effet de transparence en est sublimé. Enfin, la forme des ponts de cage offre un sourire enchanteur et contribue elle aussi au sentiment de détachement de la cage par rapport au reste du mouvement. Heures et minutes s’affichent au centre par des aiguilles bleuies, les trois bras de l’aiguille des secondes, portée par le pivot supérieur du tourbillon, se succèdent sur une habile graduation de 20 secondes habilement gravée et laquée sur la partie concentrique du réhaut. Enfin, l’indicateur de réserve de marche complète les informations en s’affichant sur la partie supérieure de l’axe vertical.
Les tests :
En observant la Récital 0, on est déjà conquis. La qualité d’exécution et le niveau des finitions nous donnent d’emblée la certitude que nous ne serons pas déçus par les résultats chronométriques. Mais il s’agit du principal objet de ce banc d’essai et en voici donc les résultats. Les mesures ont été effectuées en armage maximum (ressorts légèrement détendus), à 24h, puis à cinq jours. En armage maximum, les marches mesurées dans les six positions étaient comprises entre + 7sec/j et + 13sec/j et toutes les amplitudes, stables et formidablement regroupées, ont été mesurées au-dessus de 300°. Après 24h, les marches se sont optimisées entre + 6sec / j et + 11sec / j. Quant aux amplitudes, elles étaient idéalement comprises entre 287° et 313°. Enfin, et c’est là que la mesure est la plus intéressante, après cinq jours de fonctionnement, les marches sont restées quasiment inchangées et le delta s’est même resserré puisque les mesures extrêmes étaient comprises alors entre + 7sec / j et + 11sec / j. Les amplitudes ont alors logiquement diminué tout en restant dans des valeurs exceptionnelles puisque comprises entre 247° et 281° !!!!
La réserve de marche réelle (mesurée une seule fois) a dépassé de plus de cinq heures les 7 jours affichés.
En dépit du double-barillet et de la colossale réserve de marche, le compromis idéal a été trouvé pour le remontage manuel qui ne demande que très peu de force et s’effectue avec un nombre de tours très raisonnable sur la couronne. Dépourvu de stop-balancier (levier qui lors de la mise à l’heure arrête la montre pour permettre un réglage ‘à la seconde’), le lanternage (friction de la roue portant l’aiguille des heures sur la roue du centre) parfaitement dosé autorise une mise à l’heure au top seconde. Enfin, malgré le large bracelet neuf, la Récital 0 épouse immédiatement le poignet dans un confort absolu.
En conclusion :
Bien que n’ayant pas fait l’objet de moult dépôts de brevets, bien que n’ayant pas été le laboratoire d’expérimentation d’un quelconque alliage révolutionnaire et bien que n’affichant pas une quantité pléthorique de complications, la Récital 0 s’inscrit par son architecture, son esthétique et ses remarquables performances comme un garde-temps aussi unique qu’innovant. Cette nouvelle référence incarne à elle seule la volonté légitime des collectionneurs de se voir proposer des créations où la surenchère laisse place aux valeurs fondamentales de la haute horlogerie, telles que les avaient définies les pionniers de la mesure du temps il y a plus de deux siècles.