Cette année, IWC a mis un point d’honneur à redynamiser cette collection qui a reçu un accueil unanime de tous les spécialistes. Voyons objectivement et par nous-même ce qu’il en est dans le détail avec le vaisseau amiral de la flotte: la Portofino Remontage Manuel Huit Jours (réf. 5101)
L’habillage :
Depuis son lancement en 1984, la collection n’a subi que de légères modifications cosmétiques et se présente toujours sous les traits d’un garde-temps ultra-classique. Le diamètre de cette nouvelle référence est de 45mm pour une épaisseur totale de 12mm. Un rapport qui s’inscrit au plus près de la perfection des proportions. Le modèle qui nous a été confié par IWC était en or rouge. Ce métal a été harmonieusement combiné à la couleur anthracite du cadran qui se révèle d’une absolue esthétique. Dix appliques or anglées et polies miroir de forme « bâtons » s’interrompent pour un douze romain, le quantième traditionellement disposé à 3h et finalement par la généreuse seconde excentrée à 6h. Maîtres de la sobriété, les dates se succèdent en chiffres blancs, peints sur le fond anthracite du cadran. Il ne serait pas digne de clore ce sujet sans faire mention du bracelet en alligator signé par le célèbre chausseur italien Santoni. Sa patine caractéristique et la qualité de sa facture furent reconnues unanimement et spontanément lors des tests « au porté ». On en oublierait la boucle ardillon désarmante de simplicité et d’un design aussi réfléchi que réussi. La boucle mérite de s’y attarder du regard, au même titre que la glace saphir. Ronde, banale de prime abord. Et bien, chez IWC on fait des glaces saphir rondes qui incarnent à elles seules l’aboutissement dans les proportions, l’esthétique et la technique.
Le mouvement :
Il s’agit du calibre 59210, remontage manuel et huit jours d’autonomie. Bien que de la taille d’un calibre de montre de poche, ce mouvement est le fruit d’un développement pour une montre bracelet. Ames sensibles, passez directement au chapitre suivant, on arrive maintenant au cœur du pays des merveilles. D’abord, son diamètre bien sûr, mais surtout le naturel et le raffinement avec lesquels il occupe l’espace. Une immense platine et de très grands ponts se partagent la vaste surface avec des pointages et des formes qualifiables à la fois d’Ecole d’Horlogerie et d’étonnement contemporain. L’immense barillet occupe un cinquième de la platine… impressionnant. Il nourrit le train de rouage jusqu’à la seconde, qui dispose de son propre pont fixé et magnifiquement noyé dans le pont de rouage. La visite se poursuit et on rebondit en rythme sur le pont d’échappement pour se fixer, contemplatif sur le coq et ses illustres associés, le tandem balancier et spiral, étonnamment petits au premier regard, mais nous y reviendrons à la rubrique « tests » de cet article. On remarque également rapidement la plaque du porte-piton et, par conséquent, que le piton est mobile mais également dispensé de raquette. La terminaison est donc assurée par une courbe Breguet « classique » mais dont on connait les vertus en termes d’isochronisme. Le balancier bat à une fréquence de 28’800Ah ce qui est notable lorsqu’on dispose de 8 jours d’énergie avec un seul barillet. A propos de ces 8 jours, il s’agit de 8 jours de marche et surtout de réglage garantit. Après 8 jours, le barillet disposerait encore de nombreuses heures d’autonomie, mais le dispositif d’arrêt, que l’on connait bien chez IWC, stoppe le mouvement. La marche est volontairement interrompue avant que le réglage ne se dégrade dans les dernières ressources motrices. Classissisme et efficacité se rencontrent partout avec cette montre, y compris dans la décoration en côtes de Genève linéaires (12h-6h), l’anglage des ponts et la finition des aciers et de la visserie.
On sait toujours qu’avec IWC il faut s’attendre à du grand art… A ce stade, on est enchanté de pouvoir encore être surpris.
Les tests :
Curieux d’observer ce que ce petit balancier nous réserve, nous entamerons les tests par la chronométrie. Amplitudes et marches ont été mesurées dans six positions à 0h, à 24h et au dernier jour de la réserve de marche, histoire de vérifier par la même occasion si l’arrêt de marche après huit jours est justifié. J’avouerai, par souci de crédibilité, que le ressort était peut-être encore en légère surtension au moment des mesures à 0h. Une amplitude moyenne de 287° avec un delta de 46° a néanmoins été mesuré. De même qu’une marche moyenne de 1.1sec/jour avec un delta de 4sec. Après 24h, l’amplitude moyenne atteignait 299° avec le même delta qu’à 0h et la marche moyenne indiquait 1.6/jour avec un delta resserré à 3.8sec. Au dernier jour, l’amplitude moyenne perdait 18° avec un delta à 52° mais…… la marche revenait à 1.3sec/jour avec un delta de 3.9sec !
Au porté, cette « 5101 » nous transporte un peu plus loin encore dans l’exaltation. Cette montre semble capable de se transformer par elle-même à chaque instant. Successivement discrète, remarquée, élégante, branchée elle se ferait même sportive si l’on porte un œil britannique au sport. Lisibilité, fonctions sont exemplaires pour un garde-temps de cette catégorie. Quant au confort, on parvient à l’oublier alors que notre regard y est constamment fixé.
En conclusion :
L’enthousiasme qui a accompagné les dix jours partagés avec cette Portofino 8 jours est à la mesure de l’aboutissement et de la réussite de cette somptueuse montre. Réussir le design d’une montre classique est certainement l’exercice le plus difficile. Celui de la 5101 lui garantit d’emblée de traverser les décennies en se moquant des modes et en pouvant s’appuyer sur ce que l’auteur de ces lignes assume de qualifier de référence ultime de fiabilité.