Innovation : Le son nouveau est arrivé

Innovation

Plus musicales, plus fines, plus nombreuses, plus sécurisées, les montres à sonnerie sont sur une trajectoire d’innovation sans précédent. Revue d’innovations audibles.

La répétition minutes, qui sonne l’heure à la demande et à la minute près, est la reine des complications. La grande sonnerie, qui sonne automatiquement les quarts et les heures au passage et donne l’heure à la demande, étape supérieure dans la complexité et le raffinement, en est l’impératrice. Le tout n’est pas de les concevoir, ni de les faire fonctionner. Il faut encore qu’elles sonnent bien. Que la musique qu’elles produisent soit riche, audible, vivante. Et le challenge ne s’arrête pas là. Quand les pièces de sonnerie sont en action, toute manipulation de la montre peut les forcer, les casser. Les dernières innovations portent donc largement sur la sécurisation de ces montres qui dépassent aisément le demi-million d’Euros. L’idée est d’éviter qu’un client mal informé ou maladroit ne mette la montre à l’heure pendant qu’elle sonne, erreur fatale.

SÉCURISER

Greubel Forsey en a fait une des clés de voûte de l’une des montres les plus exceptionnelles de l’année, leur Grande sonnerie. Avec sa grande sonnerie à remontage automatique, ses timbres cathédrale, son tourbillon 24 secondes et ses finitions hyperboliques, elle résulte d’une démarche partagée avec Vacheron Constantin. La marque genevoise présente sa variante du mouvement, sans timbres cathédrale, sans automatique, sans tourbillon, mais pas moins chère, la Symphonia Grande Sonnerie 1860. Si les mécanismes de sonnerie sont complexes, ils sont aussi épais. Un autre axe d’effort consiste à les réduire. A mesure que les boîtiers s’élargissent, on peut s’étaler au lieu d’empiler. Bulgari a fixé le record, qui tient toujours, avec son Octo Finissimo Répétition Minutes. Son boîtier en titane de 40 mm se contente de 6,85 mm d’épaisseur, dont 3,12 pour le calibre. C’est 20% de moins que la précédente tenante du titre.

RÉINVENTER

Autre manière d’innover, tout changer. C’est la voie qu’a choisi Breguet avec sa Tradition 7087. Ses marteaux frappent les timbres à la verticale pour créer une onde sonore dans le même plan que le verre saphir. Ses timbres en or ont une forme qui dépend de la note qu’on veut leur faire jouer. Le régulateur, la pièce qui dicte le rythme des opérations, est magnétique. Enfin, son boîtier est percé d’ouïes et muni d’une membrane de résonance en or. Un principe qu’Audemars Piguet a également retenu dans sa Royal Oak Concept Supersonnerie : créer une surface qui amplifie naturellement le son dans l’espace confiné d’un boîtier.

TRANSCENDER

S’il fallait la décerner, la palme de l’innovation utile reviendrait à Chopard. Après 15’000 heures de développement, la marque a présenté sa première répétition minutes à l’occasion des vingt ans de la manufacture L.U.C. Avec six dispositifs de sécurisation, elle ne court aucun risque. Pour la première fois, une montre sonne l’heure sur des timbres en saphir. Oui, c’est le saphir dont on fait les glaces qui remplace ici l’acier des timbres. Ils sont usinés d’un seul tenant et dans le prolongement de la glace de la montre. Sa grande surface vibre comme un haut-parleur. Timbres et glaces solidaires permettent à l’onde sonore de se propager dans un milieu homogène, sans rupture ni perte. Le son est chaud, cristallin, au sens propre du terme. Il fallait y penser et surtout, arriver à usiner ce verre/timbre, ce qui a pris trois ans. Ce genre de durées explique les tarifs stratosphériques de la catégorie.

Journaliste expert en horlogerie et correspondant régulier de WorldTempus, David alimente notre rubrique technique.

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